Bonjour c'est Coline, la fille de Pierrick
Je trouve très intéressant que tu parles de ta relation avec ton corps, on n'est pas beaucoup à oser le faire alors que pour ce que j'en ai vu c'est un sentiment/nécéssité assez commun(e). Le problème, c'est que sans lui, on n'existerait pas... mais pour se le réapproprier, il faut y aller!
Moi aussi j'ai longtemps pensé au tatouage pour le récupérer, mais à 12 ans c'est assez compliqué d'expliquer ça à ses parents, surtout quand ils ne sont au courant de rien. Dilemme cornélien : je parle et je suis bonne pour la psychiatrie (schizophrénie, es-tu là?), ou je me tais et je fais avec en espérant que tout ça s'améliore (en gros, qui va tenir le plus longtemps : moi ou mon corps?)... c'est mon corps qui a perdu cette première bataille, mais ça s'est aussitôt avéré être une immense défaite pour moi aussi : comme malgré tout, il finit toujours par gagner, j'en ai pris pour 9 mois d'hospitalisation.
Bizarrement, c'est là qu'il a fini par me fournir le moyen de moins le haïr : ne pouvant plus poser un pied par terre sans m'empêcher de crier, je me suis retrouvée en fauteuil roulant. J'ai dû accepter que ma pseudo-victoire dont j'étais si fière était en fait un échec flagrant, et j'euphémise en disant que ça ne m'a pas du tout fait plaisir. Mais là, miracle : ne pouvant plus marcher, j'avais beaucoup moins mal, et petit à petit je l'ai moins détesté, jusqu'à ce je me rende compte et que j'accepte que quitte à devoir cohabiter avec "ce" type de corps/cette maladie, avec "ces" jambes, c'était mieux de ne pas les haïr et de les accepter comme miennes (ce qui du coup devenait une victoire!)
Même si cette acceptation n'a pas changé grand chose dans ma manière d'en parler, puisque je le vois toujours comme un amas de muscles/tendons/chair (c'est très réaliste comme vision des choses
), mais j'accepte mieux la maladie, et je n'ai plus envie de faire appel aux services d'une poupée vaudou quand je me regarde dans la glace
Toi ce sont tes cicatrices que tu as vu comme la victoire du sed sur toi, et moi c'étaient mes jambes qui se tordaient sur elles-mêmes à cause de la douleur et de mon hyperlaxité... au final je pense qu'on est beaucoup à suivre le même chemin dans notre tête ; pour rester saines d'esprit, vive la sécession puis la colocation, le tout c'est de vivre en bon voisinage
il faut trouver le moyen de faire la paix, et comme tu dis, ex-aequo!